Ontario

Copeaux, de Mishka Lavigne : la fin d’un amour

Copeaux

La covid-19 a été dure envers les amateurs de théâtre en 2020. Elle l’a été tout autant envers les dramaturges, les metteurs en scène, les acteurs et tous les gens qui travaillent dans les arts de la scène : les éclairagistes, les techniciens de son, les costumiers, les concepteurs de décors et j’en passe.

Qu’à cela ne tienne ! Les Éditions l’Interligne nous offrent la dernière pièce de Mishka Lavigne : Copeaux.

Elle, Lui

Les deux comédiens sur scène n’ont pas de noms. Ils sont simplement Elle et Lui. Les didascalies, ces indications de ce que font les comédiens sur scène, sont minimales. Ils sont ensemble, mais ne se touchent pas. Ils sont près et se touchent… Pourtant, on arrive très bien à se représenter la pièce, et son ambiance.

Le texte est en effet très riche en descriptions, nous donnant une idée des éclairages, du décor, de l’ambiance en général, sans être lourd pour autant. Qu’il s’agisse de la description d’un rêve ou d’un cauchemar, nous nageons toujours en pleine symbolique d’un amour qui s’étiole. Les personnages font souvent allusion à avant. C’était mieux avant. Avant quand ? Avant quoi ? C’est au spectateur, ou au lecteur, de le découvrir, de se l’imaginer au fil des répliques.

Une fin d’amour sans agressivité

On sent le désarroi chez les deux personnages. Vaut-il mieux rester ensemble si on ne s’aime plus ? C’est trop compliqué de se séparer. Mais si on est malheureux, est-ce mieux de rester ? On sent le questionnement des personnages sur leur histoire d’amour qui tire à sa fin. Mais cette fin est sans éclat, sans agressivité, sans fougue, même. Nous sommes simplement dans une histoire d’amour qui se meurt. Avant c’était bien, maintenant ce ne l’est plus.

Une histoire d’amour banale, comme des milliers d’autres, mais qui touche au plus profond de l’âme humaine. La pièce explore non pas le sentiment amoureux qui s’effrite, mais l’humain, — homme ou femme — qui vit ces sentiments, à travers des images poétiques, oniriques.

Les mots sont forts, aussi. Des mots forts, des images fortes, qui expriment des émotions complexes en quelques paroles seulement.

Une fin douce

On ressort grandi de cette lecture sur un amour qui s’achève justement parce qu’il n’y a pas de violence. Il est même possible de se réconcilier après la rupture. Pas pour redevenir amoureux, mais pour devenir amis. L’âme humaine est parfois capable de grandes choses, et c’est ce à quoi on assiste en lisant cette pièce.

On peut se procurer Copeaux sur le site Les libraires, sur le site du Regroupement des éditeurs franco-canadiens, de même que dans toutes les bonnes librairies.