Ontario

Moi, Sam, Elle, Janis. Dans l’antre de la bête.

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En novembre dernier, Boréal a eu le bonheur de rencontrer Jean Boisjoli, lors du Salon du livre de Montréal. Nous avons ainsi discuté de son dernier roman, Moi Sam, Elle, Janis.

Il s’agit d’un roman coup de poing, à la limite du polar. Il n’y a pas d’enquête criminelle et l’accusé est bien défini. Mais il faut répondre à une question essentielle au procès qui suivra : est-ce que l’accusé est responsable de ses gestes. Sam est accusé de trois meurtres, mais son avocate demande une évaluation psychiatrique afin de déterminer s’il est conscient d’avoir commis les crimes dont on l’accuse.

Le roman se passe en entier dans le bureau du psychiatre chargé de l’évaluer. On a donc affaire à un pucké de la vie, qui tombe amoureux d’une autre puckée de la vie. Une histoire pathétique. Mais ces deux personnages, Sam et Janis, sont tourmentés par leurs propres démons, qui les hantent au point où ceux-ci font véritablement partie de leurs vies. Le lecteur se sent réellement habité par Sam, par ses émotions, par sa psyché un peu déboussolée. Le passé de Sam, c’est comme une caverne sombre et lugubre, l’antre de la bête, et le roman nous fait entrer dedans à pieds joints.

Le passé au service du romancier

Avant d’être écrivain, Jean Boisjoli a été journaliste et avocat. Il s’est beaucoup inspiré de ces métiers, mais aussi de son enfance passée à Saint-Boniface pour écrire ce roman. Sans entrer dans les détails, il avoue ceci : « Ce qui m’a sauvé, ce sont les mots. C’est ce qui a guidé ma carrière, soit en tant que journaliste ou avocat, maintenant dans l’écriture, c’est le fil conducteur de ma vie, les mots. »

Son premier roman, La mesure du temps (Éditions Prise de Parole, 2016), retrace les souvenirs d’un sexagénaire qui retourne dans sa ville natale pour renouer avec ses origines. Ce roman poétique au rythme lent suit les traces de l’enfance de l’auteur, bien que ce soit un roman de fiction. Il a d’ailleurs remporté le prix Trillium en 2017. Avec Moi, Sam, Elle, Janis, nous nous trouvons dans un univers complètement différent.

Cette fois, c’est le bagage de l’avocat qui prend le dessus. Mais Monsieur Boisjoli ne s’est pas limité à ses propres expériences : il a consulté des amis avocats, et des ouvrages, aussi, qui traitent de l’aliénation mentale ; de ce qui fait qu’une personne peut avoir commis un crime horrible sans en être responsable.

Un roman bien ficelé

Moi, Sam, Elle, Janis est écrit dans un style plutôt direct, sans fioriture. Le quartier de Vanier, à Ottawa, y est presque un personnage en soi, le chemin de Montréal, en particulier. Mais les descriptions ne prennent jamais toute la place. Nous sommes vraiment dans l’action des personnages, actions qui nous font les connaître et les apprivoiser. On assiste à un crescendo d’émotions à travers les actions de Sam, crescendo qui a pour effet de rendre le lecteur sympathique à sa cause. Il est forcément innocent, c’est certain. Du moins, on y croit ! Jusqu’à la toute fin, où le lecteur se trouve déstabilisé devant la conclusion du psychiatre. Alors : coupable, ou non coupable ? Il faut le lire pour tirer ses propres conclusions.

Moi, Sam, Elle, Janis est disponible en librairie, de même que sur le site des Éditions David.