Atlantique, Ontario, Ouest

Phil Rivière : de YouTubeur à documentariste

Photo Phil Rivière - AppelezMoiPhil - Crédits Lexine Photographie (2)

L’insécurité linguistique est un sujet à la mode, chez les francophones en milieu minoritaire, et avec raison. Il y a quelques mois, Gabriel Robichaud et Bianca Richard nous offraient Parler mal, une pièce de théâtre devenue entre autres un podcast, qui traite de l’insécurité linguistique chez les Acadiens. C’est maintenant au tour du Réveil de nous présenter une websérie documentaire qui s’intitule Donner sa langue au chat. Ce nouveau projet, qui paraîtra d’ici quelques jours, s’attaque à l’insécurité linguistique coast to coast.

 

L’idéateur, celui de qui le projet découle, est nul autre que Philippe Rivière. YouTubeur depuis une dizaine d’années, il avait le projet d’une capsule, un peu à l’image de celles qu’il produit habituellement, pour parler de ce fléau qu’est l’insécurité linguistique.

 

Sa chaîne, AppelezMoiPhil, compte maintenant plusieurs milliers d’abonnés. Pourquoi avoir choisi de se lancer sur YouTube ? « Je dirais que les YouTubeur franco-canadiens hors Québec, c’était vraiment difficile à trouver. Je pourrais les compter sur une main ! » explique-t-il en entrevue. En effet, les contenus créés par des francophones canadiens hors Québec sont plutôt rares. Les jeunes de partout au pays n’ont souvent d’autres choix que de se tourner vers du contenu en anglais.

 

Si ses premières capsules traitaient de jeux vidéo, aujourd’hui, Philippe Rivière veut nous faire découvrir la richesse de la francophonie, partout dans le monde, mais surtout ici, au Canada. Sa première capsule sur le sujet, diffusée en 2016, s’intitule 7 différences entre la France et le Canada et compte près de 45 000 vues au moment d’écrire ces lignes.

 

Un intérêt pour la francophonie beaucoup plus récent

 

Franco-Ontarien originaire du Québec, Philippe Rivière habite à Ottawa avec sa famille depuis une dizaine d’années. Adolescent, il a fait comme bien d’autres : il s’est mis à parler en anglais pour être cool. Il ne s’agissait pas pour lui de nier consciemment son héritage francophone. C’était plutôt un phénomène insidieux où il ne se rendait pas compte qu’il était en train de s’assimiler à la masse anglophone autour de lui. Puis est arrivé l’entrevue de Denise Bombardier à l’émission Tout le monde en parle.

 

Nous avons tous en tête ce moment où elle affirme, devant des téléspectateurs francophones d’un océan à l’autre, que les francophones hors Québec ont à peu près tous disparu. « C’est là que je me suis dit : hein ! J’suis mort, moi ! J’ai pris conscience du fait que je m’anglicisais tranquillement et que c’était pas vrai que j’allais disparaître », a-t-il affirmé.

 

Ont suivi les Jeux franco-ontariens en 2019, où il a vu et vécu la fierté d’être francophone en Ontario. « Quand il y a eu les coupes de Doug Ford, j’ai même pas participé aux manifestations. Pis ça, je le regrette », confie-t-il. « Dans ce temps-là, c’était pas important pour moi, mais aujourd’hui, je comprends pourquoi il fallait se battre. »

 

Une petite graine qui a germé

 

Rivière met plusieurs mois pour produire une seule capsule YouTube, et chacune est bien documentée. Il fait ses recherches pour ne pas induire ses spectateurs en erreur. Il avait envie de faire une capsule pour parler d’insécurité linguistique au même moment où il a déniché un emploi au Réveil, et une collaboration pour la production de cette capsule — devenue une série documentaire — est née.

 

Est-ce la fin de YouTube pour Phil Rivière ? « Je vais toujours continuer à faire des capsules ! J’ai eu la chance d’avoir une belle équipe pour m’appuyer dans ce projet-là, mais il y aura d’autres capsules, c’est certain ! »

 

Dans le prochain article : le fruit d’une belle collaboration.

Crédit photo: Lexine Photographie